En réponse à Paul (tiré du sujet: précipitations éloignées):
Il est vrai que nous pratiquons tous une même passion, mais je vois une grande difference entre le deltaplane motorisé (aussi appelé pendulaire) et l'aviation conventionel (vol sur avions de "type Cessna" et à la limite sur ultraléger 3 axes). J'y vois la navigation, le confort extérieur et la sécurité.
Premièrement, les vitesses de croisière sont loin d'être semblables. On parle de 45 Kt comparativement à 100 Kt et plus. Il en résulte des avantages et des inconvénients. Je suis moins stressé par les zones que je rencontre, puisqu'ils arrivent moins vite. Cela me permet de me préparer mentalement (quoi dire à la radio, vérifier les altitudes restreintes, les zones d'aérodromes, etc). Par contre, je ne peux franchir les zones controlées où un transpondeur est requis (Mirabel, Dorval, Quebec), parce que j'en ai pas. Mais ai-je vraiment besoin d'aller dans ces zones? Plusieurs pilotes privés n'ont même pas cet outil de toutes facons!
Ayant une autonomie sécuritaire de 3 heures, à une vitesse moyenne de 80 Km/h, ma distance sol parcouru est vraiment limitée (240 km, sans revitaillement). Je peux donc moins voyager loin et voir du pays sans que ce soit un "grand voyage", avec bidons remplis à rebors sur le siège arrière et stresse en réserve sous le casque.
Le fait de voyager plus lentement me permet de regarder davantage "dehors". La visibilité horizontale est presque complète (près de 360º), et je peux voir facilement le terrain et le traffic sous "ma chaise". Je me rend compte que la vision extérieur dans un cockpit fermé est très limitée, ce qui augmente les risques de conflits (la communication bilatérale sur radio reste malgré tout primordiale).
Deuxièment, il y a le fait de voler à l'extérieur, comme sur une moto. Je ne peux consulter une carte en vol à cause du "facteur vent" qui n'est pas très commode. Je peux heureusement me fier à mon GPS, mais je ne me rend jamais dans une zone inconnu du premier coup; j'y vais graduellement, en prenant bien soin de connaitre l'environnement que je survole. De cette facon, en volant dans des situations de visibilité favorables, je risque moins d'être dans le pétrin si mon GPS lache!! En revenge, je ne me gêne pas pour consulter les cartes lorsque je suis au sol
Le vent qui crée une pression constante sur le corps augmente aussi la fatigue physique. C'est pourquoi on se plaît à dire que c'est un vol "sportif"; on a l'impression de s'amuser dans l'air! On sent facilement la perte de vitesse du vent sur notre corps lorsqu'on est près de la vitesse de décrochage, lors d'une glissade sur l'aile notament. En t-shirt l'été sur une fin de soirée, je vous jure qu'il n'y a rien de plus agréable. Les odeurs, la chaleur (ou le froid), ainsi que l'humidité sont des éléments qu'on apprécie en deltaplane motorisé.
Finalement, le coté sécurité. La seule chose dans laquelle je n'ai aucune confiance sur mon pendulaire, c'est le moteur. La plupart sont des 2 temps Rotax à double allumage. Absolument rien de certifié, comparativement au moteur d'avion de loisir. Même si l'entretien est fait de manière miticuleuse, il n'en reste pas moins que ca peux lacher sans avertissement. C'est pour cette raison que je vole toujours en conséquence d'une panne moteur; un champs de dégagement en vue en tous temps!
Pour ce qui est du chassis, aucun problème, c'est du solide. C'est bien monté et c'est tout en stainless steel, donc pas de rouille. C'est aussi pourvue d'une bonne suspension pneumatique et de freins relativement efficaces. Par contre, lors d'un crash, au sol ou dans les arbres, il n'y a aucune protection; c'est des fractures presqu'assurées.
Pour l'aile, même si on parle de toile, la struture interne en aluminium est solide et je n'ai jamais entendu parler de récit racontant une aile qui s'était brisé en vol. Force G: positif 7, négatif 4. Il faut bien entendu changer les cables et la boulonnerie au temps convenus.
C'est ce qui explique en gros le type de vol et la machine que je pilote. J'espère que j'ai peint un beau portrait de ce que je considère être le summum du vol lent.
Je vais prochainement obtenir mon instructeur sur ultraléger (probablement à l'été 2006); si vous voulez vous initier au Pendulaire, venez me voir à Saint-Hyacinthe, je vous ferai faire un tit tour ... en toute sécurité
Sylvain