Une histoire pour GrandNord et son choix d'avion

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Une histoire pour GrandNord et son choix d'avion

Messagepar Louis_greniier » Mar 15 Fév, 2011 00:40

Oulala, Grandnord au visage masqué, tu me la fais tourner vite, la petite roue du hamster dans le dedans de ma tête. LA question !! La question du meilleur appareil. Le meilleur appareil pour ton «par chez vous». Toute une question, mille fois reposée à moi-même. On se la pose tous, cette question. Même quand on a un hélico dans le hangar: TTQ il se la repose une millième fois tous les mois. Et quand on décide de vivre avec la réponse, comme Bob, alors la roue du hamster se remets à spinner du comment on pourrait améliorer ci ou ça. Rajouter une tôle là, un petit trou ici. Peut-être quelques VG sur le machin. Ou changer la couleur pour que la neige fonde toute seule. Et pourtant, GrandNord, je ne devrais vraiment pas penser à autre chose que ce gros rapide qui s’en vient, là, juste devant moi. Parce que vois-tu, je suis en Patagonie à descendre une rivière grosse comme ça assis dans un mini bateau gonflable petit comme le scrotum d’un taureau qui peine à me soulever. Tu peux toi-même découvrir comment on se sent quand on est assis dans un scrotum de taureau. Je devrais vraiment penser qu’à moi, plutôt qu’à ta question. J’imagine que c’est ça l’aviation, ça ne te sort pas de la tête, même en Patagonie, assis dans une zézette gonflable pas plus grosse que le panier à linge salle de ma grand-mère, puisque ma grand-mère les fabriquait justement en scrotum de taureau, ses paniers à linge salle, comme ses blagues à tabac, ou ces sacs d’épicerie 50 ans avant qu’on invente ceusses en plastique.

Un J3, ou un 140, ou un 150 converti en cow-boy du Texas, ou un LSA pas encore approuvé, mais sais-t-on jamais, il y a des «mais» partout. Le J3, bien sûr, que je vote pour lui dans ma zézette gonflable . Mais le J3, bordel, il est en tissu, et le tissu, à Kangiqsualujjuaq, les enfants ont déjà pris l’habitude de prendre celui de Billy comme une glissoire. Il n’était pas content le monsieur, quand il est arrivé à l’aéroport, rentrer sur le tarmac avec son ski-doo pour aller checker son avion qu’il laissait le nez collé sur le mur pour un semblant de protection des vents , attaché avec plein de barils de fuel, et qu’il a vu les traces de bottes des jeunes sur le dos de son avion. «Ce n’est pas une ciboire de glissoire» qu’il leur aurait crié si les marmots avaient encore été là, avec un ou deux coups de pied au cul. «Il est en tissu mon avion!!!» qu’il aurait rajouté avec une claque qui aurait manqué de peu sa cible.

Tu peux d’ailleurs aller voir la photo. Elle est pinnée dans l’office du gars de la radio. Juste derrière le «centre de contrôle» du gros Mike. Un genre de cub écrapoutillé du nez. C’est pas les marmots qui l’ont écrapouti comme ça, remarque, c’est quand il l’a fait refaire dans le sud. Les butées du stab avaient été montées à l’envers de ses maximums. Billy a décollé pour la première fois depuis que l’avion avait eu un remaniement majeur. Le nez est parti vers le ciel. Il a poussé tout ce qu’il a pu pousser, mais la butée a bloqué le stab. Il s’est avancé de tout son poids ( et il ne fait pas dans le léger, le frérot de Jonhny May) rien à faire, il n’y avait que le ciel et ses nuages dans le pare-brise. Il savait bien que ça allait décrocher. Il s’est appliqué à garder les ailes horizontales. Question de ne pas fesser mortellement comme quand on laisse tomber une aile avant l’autre. Les deux pieds à jouer des pédales, coupant et remettant les gaz, il a réussi à crasher les ailes à l'horizontale. L’avion s’est écrapouti autour de lui. Il n’a même pas eu une égratignure, le fils de Bob May. C’est vrai que le père a été homme le plus dur de la tête, et du coeur aussi, qu’il m’ait été de croiser.

Pi là je me suis mis à penser au 150 converti. Oui, mais... mais quoi ? Mais les papiers, bordel. Sont déjà assez compliqués comme ça les papiers de STC, que quand on commence à les combiner, on n’est pas toujours sorti du bois. Ça va prendre des skis. Il va en avoir des approuvés, mais seulement si tu as telle conversion, et pas l’autre. Pi les gros pneus, ils sont approuvés de cette conversion là ou seulement de l’autre ? Haaaa!! Pas de ce train d’atterrissage là ? Pas de cette année-là ?! Et surtout, ne te risque avec cette conversion, mais prends plutôt l’autre, plus rare.

- Ha non, monsieur, à partir de telle année, la queue n’est peut-être pas assez grosse pour assurer le contrôle avec ces gros pneus-là...

Et ta queue, toi, chose, me semble qu’elle est pas mal petite ?

Les papiers... checke-les comme il faut, les papiers. Pas les papiers de l’avion comme l’avion est actuellement, mais les papiers de l’avion ousse que tu veux l’amener: skis, wheels-skis, grosses ballounes de pneus, combiné avec telle ou telle conversion train classique. Ca va -tu être possible oui ou merde ?!

Et dans ma zézette gonflable, je me suis dit, tiens, pourquoi pas de la construction amateur ? Billy il l’a bien remonté en construction amateur son avion écrapouti. Et il l’a même refilé à son frérot Johny, qui l’a stationné à Kuujuak. Il s’en sert pour aller à son camp de BlackPoint. Felix-to-soar ici présent embarque même avec lui de temps en temps, le salaud.

Oui, mais le moteur va-t-il rouler au mogas éventé du nord ? Parce que s’il faut s’en tenir au Avgas, c’est chiant pas mal «de par chez vous». Bof, c’est vrai qu’à Kangiqsualujjuaq il y en a pas mal plus que dans les autres villages. Mais quand tu vas aller faire un saut à Nain, question de te remonter le moral en voyant comment c’eusses là sont encore pas mal plus mal-pris que par chez vous, tu vas revenir comment ? Va falloir en faire des courbettes pour que la base d’hélico dont on ne sait rien de ce qu’ils font là t’en refile un cinq gallons. Pi une fois décollé de Nain, tu vas surement vouloir aller faire un petit poser décollé sur la piste de Saglek. Et pourquoi pas sur les grands bancs de gravier dur de la plage un peu plus au nord. On ne peut pas faire plus beau comme paysage avec les montagnes enneigées. Tiens, sans même en parler, vla qu’on est rendu à parler aussi d’autonomie.

Bref, ta question, Kangiqsualujjuaq , elle me tarabusque. Et c’est pourtant la même question qu’on se pose tous ici, toujours, tout le temps. Alors pour arrêter de faire tourner ma cage à Hamster à spin, j’ai sorti mon livre de ma pochette imperméable. Si si, je te jure, s’il y a un plaisir dans la vie en dehors de voler, c’est de lire avec le cul coincé dans une zézette gonflable en Patagonie. Alors j’ai sorti le roman « Les chaussures Italiennes». Un roman d’un type qui se pose des questions quasiment sans réponses. Question que ça soit un autre que toi, ou moi, ou TTQ, qui se les pose ces maudites questions sans réponses. On est une crisse de gang à se poser des questions sans réponses. On appelle ça des questions existentielles. Alors, je me permets de faire diversion avec ce livre. Anyway, mon ami Jean-Guy, dans sa cabane pleine de hiboux gossés à la main, a déjà dû te conter qu’avec moi tout commence, et tout finit, par une poche grosse comme ça de livres .

Mon ami Jean-Guy, ce qu’il ne sait toujours pas, par contre, c’est que cette fois-là, cette fois ou on lui demandait de comment que ça se faisait qu’il avait tant de livres aux cotés de ses hiboux gossés, dans sa cabane à l’écart, qui surplombe la baie de chez vous, cette fois-là ou il leur répondit

- « C’est un ami, il me les apporte jusqu’ici, à Kangiqsualujjuaq, dans son avion, quand le vent l’amène de par ici»

Et eux de ne pas le croire trop trop. Et lui de leur dire, ce jour de juin plein de mouches

- « Écoutez , regardez, vous entendez ce son au loin ? Un moteur d’avion, là vers la George. Regardez par mon écran d’ordinateur. Vous ne trouvez pas d’ordinateur dans ma cabane ? Ben non, nonos, c’est ma grande fenêtre qui fait face à la baie, c’est ça mon ordine à moi ma grande fenêtre tournée vers le sud: je veux savoir s’il va faire beau ? Je ne regarde pas l’ordine comme la gang de nonos que vous êtes, je regarde dehors, je regarde les vents, les nuages, leurs formes. C’est encore mieux que vos ordines. Je veux savoir ce qui s’est passé dans le monde aujourd'hui ? Je regarde encore par la fenêtre, je verrai les traces des skidoos de mes fils adorés, pour voir s’ils sont partis à la cabane, et surtout s’ils sont revenus. Je verrai si leurs bateaux sont de nouveaux à l’ancre. Si je veux savoir si j’aurai une bonne journée, je regarde au loin, vers le village, pour voir si ma petite fille Julia s’en vient donner un bisou d’amour à son grand-père. Les nouvelles du monde ? Mais c’est justement ça que je vous explique, mon monde il est ici, autour de moi, autour des gens que j’aime, et même de ceux que j’aime beaucoup moins. Le monde du Sud ? Les autres pays ? Le président des États-Unis d’Amérique ? La crise financière ? Les gaz de schistes ? Pour ça, ne regardez point par ma grande fenêtre, et toujours nul besoin d’ordinateur, retournez-vous plutôt vers mes livres: toutes ces bêtises de l’homme y ont été traitées mille fois par les grands auteurs. Pas besoin de les relire encore une fois pour me décourager de ce que l’homme, pourtant porteur de plein de promesses d’humanité, n’est jamais devenu.

Et eux, encore incrédules

- Je le reconnais, je vous dis, un son différend, c’est un huit cylindres qu’il a dans le nez, le con. Je l’entends. Arrêtez de fouiller dans mes livres, il en arrive drette là, des nouveaux livres, des plus vieux, des différends, des plus neufs, de tout temps l’homme a voulu faire partager aux autres ses propres angoisses. Pour ça, il a inventé le livre. REGARDEZ !! Au dessus de l’ile ousse que Willy Edmudluk établit le premier campement qui devait devenir ce village. Une ile sans eau douce, sans protection au vent, un caillou perdu réclamé par le grand-père Edmudluk de mes enfants. Regardez, je vois une lumière, là, là-bas: c’est mon ami qui arrive dans son avion, avec l’angoisse et les questions de tout un monde dans une grosse poche de nouveaux livres. C’est son phare d’atterrissage qu’il aura allumé pour que je le reconnaisse, comme ils conjuguent dans le Grevisse. La première fois que je l’ai vu ainsi, il y a trente ans, c’était dans un canot qu’il s’était trainé jusqu’ici. Vous verrez, son avion est le plus laid que je n’ai jamais vu. Un nez trop gros, comme le sien d’ailleurs. Avec une queue ridiculement haute. Non, je ne sais pas pour la sienne à lui. Allez, remettez vos bottes, embarquez dans mon pickup, on s’en va à la piste. Je dois accueillir mon ami.

Moi j’étais en route pour l’Islande, en passant par le Groenland. Je n’étais pas certain de revenir de là-bas. Alors je voulais voir mon ami. En partant de Schefferville, je m’étais tapé toute la George, à basse altitude. Je la connais par coeur. C’est tellement beau la George. La DePas, Twin River Lodge, dont je te conterai un jour mon passage alors qu’il s’y cachait les deux jumelles, le grand lac de la hutte sauvage, l’épave de 185 sur la grande plage devant la pointe, Henri Culos, devenu Paquette, Wedge Hill, resté Wedge Hill, Pyramid Camp à Bob May avec la grosse falaise pleine de ces oiseaux de proie que de scheiks arabes envoie des voleurs pour les pogner en contrebande, les chutes Hélène, les grands bras d’eau, la cabane à Jean-Guy, l’île et au loin le village, avec en retrait, la maison de mon ami, ses hiboux gossés à la main, et plein de livres renfermant toute l’angoisse des hommes, son angoisse qu’il fend à la hache pour faire une montagne de bois avec lequel il pense se réchauffer l’hiver.

Je suis atterri, stationné sur le pad en béton censé protéger nos hélices de la garnotte avoisinante, fermé le moteur. Il était là. Moi j’avais enfilé un genre d’habit de plongée question de sauter la mer vers Pagnirtung. Du monde dans sa boite de pickup me regardait sans rien croire. On s’est fait l’accolade. Je lui ai remis la poche de livre, une poche grosse comme la place qu’il prend dans mon coeur, et sur le dessus, un livre écrit pour lui il y a trois cents ans: L’homme qui rit, de Victor Hugo. Une histoire compliquée ou l’on retrouve des voleurs d’enfants, un type déguisé en ours, le pauvre Gwynplaine défiguré avec un sourire qu’on lui aura découpé au couteau dans le visage, et plein d’amour refoulé à cause de son infirmité hideuse. Un livre écrit sur mesure par Victor Hugo en 1861 pour mon ami Jean-Guy.

Bon, revenons à mon mien de livre, avant que je ne me mette à te conter cette fois-là ou il était arrivé en hélico, en pleine tempête, sur la Korok, pour venir m’annoncer la mort des deux autres.

Les Chaussures italiennes, de Henning Mankel

" Sur un mur, j'ai vu une devise tracée à la main, de sa propre main, supposais-je. Une citation d'un certain Tchouang-tseu, qui disait: Quand la bandaison va, on s'inquiète moins de sa queue. "

Tiré du roman, Les chaussures italiennes, de Henning Mankell

C'est magnifique une descente de rivière en Patagonie. À couper le souffle. Aussi beau qu'au Québec, en Nouvelle-Zélande, ou en Afrique du Sud. C'est tellement beau, cette eau qui coule. Avec ses rouleaux, ses seuils qui la font bouillir, ses contre-courants dont il faut se méfier de la même façon partout au monde. J'adore l'eau qui coule. Comme la vie, d'ailleurs, qui coule de plus en plus vite. Conficius, qui a vécu proche de mille ans bien comptés, et dont la sagesse évidente règne encore sur un milliard d'humains, disait d'ailleurs qu'un fou qui sait que la vie coule, est moins fou qu'un sage qui ne veut pas le savoir. Ou quelque chose comme ça. Je ne suis pas expert en confusieries, moi, bordel, et je n'ai pas le google pour me répondre, alors prends ce dont je me souviens.

L'eau qui coule est un road movie. Ou un road roman. Et c'est ceux-là que je préfère à tous. Ce sont les seuls que je peux me taper avec une joie profonde. Sinon, pour me retenir, il me faut des romans pleins de méchants et de complots universels. Je préfère quand même les road romans. Comme celui-là de Henning Mankel, le même qui a pondu quelques polars avec son inspecteur Wallenger. Ils en ont fait une série télévisée, dont on a eu droit au Québec qu'à une seule saison. Dommage, car j'ai adoré voir, alors que je n'aime pas lire les polars. Je manquerai donc les autres saisons. Mais, ce Mankell là, rien à voir. C'est un road roman comme je les savoure. Un paysage de fond un peu comme pour le lièvre de Vanerten. Ça se passe en Suède, la petite vie d'un type à qui il ne s'est pas passé grand-chose. En tout cas, rien pour en faire un roman. Il attend la fin, puis un jour, il part. La quête de l'ailleurs. Un ailleurs sans compromis. L’inatteignable étoile de Don Quichotte. Un peu comme toi, et moi, qui cherchons l’avion qui fait tout. Très masculin, cette quête de l'ailleurs. Une quête seulement parce que c'est autre chose. La route. Les départs à la recherche de rien. C'est d'ailleurs encore Confucius qui a dit " La femme préfère le nid. L'homme de partir à la quête d'un nouveau."

Et il cherche. Quand il a trouvé, trouvé la bonne raison de quitter pour ailleurs, il repart. Ou il revend son avion pour s’en chercher un autre.

Quel culot ce Conficius, de parler de ce que femme veut. Un homme ne peut faire ça. Quessé qu'y connait, d'ailleurs, hein ? Et pourtant, de toutes époques, l'homme fait ça. De parler de ce que femme veut. Remarquez qu'il n'y a pas que sur ce sujet que l'homme parle au travers de son chapeau. Moi qui en porte toujours un sur la tète, et orange pour ne pas oublier de me la fermer, je n'oserais jamais dire ce que femme veut. Je sais bien, moi, que je n'y connais que dalle. Alors, tu ne m'attraperas jamais à déclamer quelque chose de ce genre. Bon, je connais bien un ou deux boutons à peser pour la faire enrager, mais sinon, niètte.

Et c'est peut-être la même chose pour elle. Elle n'y connait rien à ce que l'homme veut. À part elle aussi deux ou trois boutons. Ou plutôt un, puisqu’on est plus simple de là. Ça la fout en rogne d'ailleurs, de ne pas comprendre. Elle n'arrive jamais à accepter. Elle se choque noir. Et pourtant, elle s'accommode très bien de la lecture d'un road roman, pourtant écrit exclusivement pour l'homme, puisqu'il n'y a jamais de nidification possible dans ce genre de roman. Comme dans les films de Cowboy, les vrais. L'homme parle, de n'importe quoi, puis il quitte. La femme écoute, se choque, et questionne

- Mais pourquoi il ne m’a rien dit ??!

Alors qu'il n'a jamais cessé de parler, mais au travers de son chapeau. Et surtout il n’a jamais dit ce que, elle, voulait entendre.

Je parle, je parle moi aussi, mais je voulais juste te recommander ce roman de Mankell. Si tu le lis, tu pourras revoir les paysages de Patagonie puisque ce roman se passe justement en Suède, comme je te le disais.

C'est l'histoire d'un homme qui a une courte bitte, mais, puisque la nature a des fois un minimum de pitié au contraire des dieux, il a hérité d'une pression de pipi énorme pour éviter qu'il ne se mouille les pieds en se soulageant. Il part à la recherche de son jumeau, et devinez quoi ? Celui-ci a une très longue queue, mais avec «pas de pression». Par la longueur, lui aussi ne se pisse pas sur les orteils. Alors qu'ils étaient dans le ventre de leur mère, un a pris la longueur, l'autre la pression. Et c'est ensuite la route pour se retrouver une âme au travers de leurs bittes respectives. Tu verras. Bon, expliqué comme ça, je vois le peu d'intérêt que tu sembles porter à ma recommandation. Mais je t’en conjure, une fois dedans, on comprend toute la grandeur de l'humain dans l'équilibre entre bitte et pression.

Puis il y a une deuxième partie, que je te résume ainsi:

L'Homme revient. La Femme demande

- Pourquoi ?

L'Homme répond

- Pourquoi quoi ? Pourquoi je reviens ?

La Femme crie

- NON ! POURQUOI TU ES ENCORE PARTI !? Pourquoi tu quittes toujours, pourquoi tu es comme ça ....

La Femme commence à pleurer. C'est au tour de l'Homme de se demander «pourquoi»: pourquoi la Femme pleure-t-elle ?

Et bon, des extraits de plus que celui que je t’ ai servi au début, de mémoire, donc pouvant être légèrement pas tout à fait textuel:

- L'ours est mort tout seul, a-t-elle dit. Mon mari voulait que je raconte qu'il l'avait tué. C’était à cause de son avion. Il disait qu’il avait maintenant peur de voler. Maintenant qu’il n'est plus là, je dis la vérité. Il l'avait trouvé mort du côté de Risvattnet. Un vieil ours qui s'était couché pour mourir près d'une souche de pin parce qu’il n’arrivait plus à bander."

Et encore:

"Il y avait une pièce exclusivement remplie de formes en bois de phallus, équipés de leur scrotum. Coupées droit à la base, elles se tenaient bien dressées et alignées sur les multiples étagères qui couraient là, le long des murs, du sol au plafond. Chacune portait, au bout d'une ficelle, une étiquette avec un nom et des lettres d’avion. Louise m'en montra quelques-unes: je n'en croyais pas mes yeux. Cet homme avait moulé des phallus afin de confectionner des börtbyting* pour toute sorte de pilotes. Des pilotes de ligne, qui bien que surement maintenant décédés, se dressaient là tout fier de leurs sexes moulés. Il y avait aussi des pilotes de brousse renommés, celui d’un comédien québécois pilote d’hélico, ceux d’un ou deux prêtres missionnaires volants, des gens qui avaient été exécutés pour trafic aérien de drogue, ou canonisés pour avoir été le premier à traverser l’Atlantique. Il y avait aussi celui d’un pilote de ligne canadien qui avait manqué d’essence en pleine nuit au dessus de l’Atlantique. D’une main, il avait réussi à se détacher le börtbyting du bonjour et l’avait enfilé sur le petit manche de l’Airbus. En planant, la main sur le börtbyting enfilé comme un condom sur le manche, il avait réussi à poser son avion sur une ile. On fit de lui un héros, et un film. C'était une expérience vertigineuse que de se promener au travers de tous ces phallus célèbres. Comme si ces moules de bois étaient arrivées ici par leurs propres moyens, bravant le froid et sautillant dans la neige pour avancer, afin de permettre à ce maître mouleur de créer ses merveilleux börtbyting, gage d'une confiance en soi inébranlable quand on est aux commandes d’un aéronef, et d'une bandaison jusqu'à cent ans.

Puis je me suis demandé quel stratagème cet artiste mouleur utilisait pour faire bander ainsi les grands pilotes de ce monde assez longtemps pour prendre ses repères et ses mesures.

* Börtbyting: Moulés dans du cuir d’écureuils volants, les börtbyting sont des cache-bonjour que les pilotes portent au quotidien. Aux commandes de leurs aéronefs, une fois glissé sur le manche, ils sont supposés apporter, à leurs propriétaires, confiance en-soi et jugement inébranlable. Confectionnés dans ce cuir d’écureuil volant provenant uniquement de Tasmanie, par des artistes-compagnons-eunuques qui les moulent sur une forme de bois fidèle à l'original, en chantant un air d'opéra italien.


Bon, je me suis perdu. Autant dans ce texte que sur la rivière. Le gros pneumatique que je suivais n'est nulle part à portée de vue. Je me doutais bien, aussi, que de partir deux heures plus tard me vaudrait cette situation. Ça m'apprendra à penser à ton choix d’avion et à vouloir lire " Les chaussures italiennes" tout en pagayant. Le Rio Calfeutu ( rivière) se divise en des dizaines de branches. J'aurais pris une différente de l’autre bateau, le gros pneumatique avec les amis et les bagages. Pensant devoir les rattraper, j'ai poussé, peut-être les dépassants. Ils doivent être derrière maintenant. Et je n'ai qu'un livre pour passer la nuit. Au moins si c'était un "polar". Mon couchage et ma tente sont dans le deuxième gros bateau. Bof, j'ai déjà fait la Georges, comme ça, moi, monsieur, alors si tu penses que je m'en fais pour passer une nuit ici ! Pas l'ombre d'un moustique, un bateau pour coucher dessous, des bosquets pour couper le vent. Rien à voir avec la Georges qui fut un vrai calvaire la fois ousse que le reste de l'équipage s'était perdu dans les grands lacs du début. Il faudra quand même que je les retrouve. Je ne sais pas vraiment pourquoi par contre. J'imagine que c'est la chose à dire quand on est perdu.

Et je t’ai dit que j'ai dessalé ? Trop drôle. Comme tous les pneumatiques, celui-ci est vulnérable aux chandelles arrière. Le gros boudin d'en avant ne fend pas l'eau comme un kayak ou un canot. Si tu frappes un rouleau, le nez se soulève dans les airs, le courant arrière a tôt fait de vouloir embarquer par l’arrière. c’est la chandelle arrière. Et disons que question répartition de poids, il semble que mes orteils soient pas mal moins lourds que mon fessier. Hop, par en arrière ! Demi-tour arrière, la tète sous l'eau. Et là, empêtré dans les mille ficelles avec lesquelles j’attache caméra, livre, pagaie et bateau pour ne pas les perdre au vent Patagonien, je me suis débattu pour retrouver la surface de l’eau. Sous l’eau, sur le dos, jambes et bras se démenaient pour me libérer des cordes afin que je puisse aller respirer. C’est que j’ai je n’ai pas une autonomie pour rejoindre Schefferville sous l’eau, moi, monsieur. En me débattant ainsi, je me suis râpé le dos contre les roches. Ayoye !! J'ai pensé à cette Californienne sur la plage alors que je n’avais que 15 ans. Une pipe acrobatique, comme on pourrait dire, qu’elle m’avait offerte sur la plage à minuit moins une, alors que je me tordais dans tous les sens parce qu’il y avait des algues à épines sous mon dos qui me piquaient à mourir. C’était peut-être même des Jelly-fish empoisonné. Une main sur le paquet, l’autre sur la poitrine, elle m’avait jeté sur le dos pour m’offrir ses basses oeuvres. J’étais tombé dans je ne sais trop quoi plein d’épines, de craquias, ou de vitre brisée, mille douleurs m’avait assailli. Je battais l’air furieusement des jambes pour essayer de me relever, mais l’Américaine ne lâchait pas le morceau et me tenait sur le dos de l’autre bras . Incapable de me libérer de ses étreintes. Aucun tortillage ne réussit à me libérer de ses prises de luttes gréco-romaines doublées de la prise qui a toujours su faire très mal à l’homme. Aucun de mes cris et supplications ne semblait baisser son ardeur, bien au contraire ils semblaient redoubler l’ intérêt de la Californienne pour mon malheur. Je venais d’inventer quarante plus tôt que Michael Jackson le rap dancing sur le dos. À chaque mouvement, chaque sursaut de mon pauvre corps, je sentais la peau de mon dos se déchirer en lambeau, et elle de penser que c’était de plaisir que je me démenais ainsi à la danse de Saint-Guy alors que nos pauvres Saint-Martyr n’avaient pas du souffrir beaucoup plus que moi quand on leur arracha les ongles. On dit qu’une première expérience , surtout sexuelle, peut être particulièrement marquante. C’est vrai, crois-moi. Une semaine plus tard, c’est le dos en lambeau et égratigné à la grandeur que je reviens à Montréal chez ma pauvre mère. À peine cicatrisé, mon dos était toujours couvert de croute de sang séché.

- Bonté divine !! Kessé qui t’est arrivé ?!

- Rien , m’man...

- Dis-moi pas que mon fils est parti garçon pour me revenir homme !?? Mais dans quel état, mon dieu, dans quel état ! Viens ici que j’examine le dégât... On dirait que tu as été griffé par un grizzly... Ce n’est quand même pas une fille qui t’a fait ça ?

J’ai juste gardé un petit sourire, question de lui faire croire que son fils en avait rendu une tellement dingue d’extase qu’elle lui avait arraché chaque centimètre de peau de son dos en grafignant ayant perdu tout contrôle de soi. Elle a eu l’air plutot surprise, ma mère, puis un peu fière. Mais un peu de temps après, quand mon père est rentré, elle a eu l’air franchement jalouse. Ni jalouse de lui, ni jalouse de moi, mais des sensations qu’elle croyait qu’une Californienne avait vécues et qu’elle, la pauvre, ne vivrait jamais.

C’est ainsi que viré à l’envers, empêtré dans les ficelles, en train de me noyer sous l’eau, je repensais à ta question et à cette Californienne qui pensais que c’était dans son doigté que ma fureur puisait l’ énergie de mon désespoir. Rassure-toi, je m’en suis sorti. Sous l'eau, tel un hippo, je suis souple et léger comme une danseuse de ballet. Il ne me manque que le tutu. J’ai nagé au bord avec mes bébelles qui suivaient et j’ai pu repartir.

Hé ben, hé ben, le hasard fait si bien les choses. Je viens de tomber sur un magnifique Estansia. Perdu comme ça ne se peut pas. Pèche et chasse sont leurs dadas. Aucune route n'y mène. Accès à dos de cheval, ou par hélico j'imagine, pour leurs riches clients. Ça coute d'ailleurs la peau des fesses, genre le prix d'un billet Montréal-Paris. Un endroit magnifique. Je cogne. Une grosse blonde aux yeux bleus vient me répondre. Elle ne semble aucunement gênée ni par mon apparition ni par mon accoutrement. J'explique mon cas. Vous n'auriez pas vu des gens comme moi, mais plus gros du bateau, et plus petit de la bedaine, passer ici, madame Bigoudis ? Elle me fait comprendre que non. Je lui demande le prix pour un dodo. Ouf !! Terrible. Désolé, madame chose, je dois partir. Mais non, mais non, qu'elle fait en espagnol. Elle tient vraiment à ce que je profite qu'il n'y a aucun client pour m'offrir le séjour. Et puis toute sa famille et les employés ont quitté pour les vacances. Il n'y a qu'elle qui a été laissée derrière par ses huit soeurs et sa mère pour garder le fort. Elle peut me réduire le prix. Elle est boudinée comme ça ne se peut pas. Garanti qu'elle se tape les bigoudis tous les matins. Rien à voir avec Julie Andrews dans "The Sound Of Music". À part la famille en fuite. J'ai quand même le numéro de ma carte de crédit, madame Boudin, faites-moi un prix, merci, puisque je n'y pècherai rien et ne tuerai point, mais pour la gratuité, laissez donc faire, je sais par ousse que ça finit ces genres de choses. Je préfère de loin payer mes dus. Mais je dois rester un peu, question de donner une chance à mon vieux dos qui peine dans ma choucroute gonflable, surtout quand je fais des doubles sauts arrière qui me rappellent une certaine jeunesse sur une plage de Californie.

Voilà. On s'est entendu pour cent dollars par jours pour le dodo dans une jolie cabana, trois repas et accès au jacuzzi, chauffé au bois en plein dehors avec vue sur les montagnes. Si ça continue, à ce prix, elle va m'avoir pour une bonne semaine. Je peux emprunter votre ordine ? C'est pour l'internet.... Vous n'avez pas internet ? Oui, je comprends, mais moi je l'ai ici, sur mon téléphone satellite, je pourrais brancher votre ordine, sur mon téléphone. C’est à cause d’un copain qu ej en’ai jamais vu, voyez, il vient d’atterrir sur le site des Ailes, il habite Kangiqsualujjuaq et se cherche un avion. Comment peut-on faire pour vivre si reculé ?! Je ne parle pas de Kangiqsualujjuaq , je parle d’ici, sur cette rivière, à mille lieues de tout. Je comprends que le grand-papa devait être un bon nazi qui est venu se réfugier ici, mais là, merde, la guerre est finie, non ? Et porter cette blouse ridicule, avec ses gros seins portant sur un seul bouton comme le font toutes les bavariennes. Moi, si ma vie en dépendait, je t’ assure que je ne mettrais jamais autant de poids sur un seul bouton. J'essayerai de t’ envoyer une photo quand un de ces WiFi plus rapides que le satellite fera surface. Pas une photo de la blouse ridicule, une photo de l'Estancia magnifique ancien repère de nazis. Maintenant, là, par satellite, une photo serait trop lourde. Trop lourde comme les deux gros seins de Miss Autriche Patagonia. Trop lourde comme mon fessier dans ma zézette gonflable. C’est certain que c'est un ancien refuge de nazi, cette place. J'en trouverai la preuve. J'ai commencé à revirer tout le salon d'un bout à l'autre: les livres, dont j'espionne les dédicaces, les trophées, les photos. Je veux trouver une preuve de ma théorie sur Grand-papa nazi. Je ne trouverai surement pas un exemplaire de Mein Kemph dédicacé du Furher lui-même, mais je trouverai quelque chose, j'en suis certain. Il a dû mille fois faire le ménage pour que rien ne reste. De preuves, j'entends, parce que pour les indices, il y en a plein. À commencer par la blouse décolletée à un bouton. Et l'humidité dans l'oeil quand je lui ai répondu que pour ce soir , je boufferais bien une bonne choucroute avec une saucisse à la bière. Sans compter leur façon de monter les cornes des chamois abattus à la chasse: monté sans peau, avec juste un petit bout de crâne, sur une toute petite plaque de bois. Il n'y a que les Autrichiens et les bavariens pour faire ça comme ça. L'architecture, les meubles gossés à la main, le fusil derrière la porte qui est un vrai Sigg Manlichër, tout transpire le nazi de montagne. Demain matin, pour la tester, je lui lancerai " Abinze gich lofen ? " Si elle me répond, "yavolt!" j'aurai ma preuve. Elle vient de me surprendre à fouiller partout. Sa réponse a fusé sans même que je ne lui demande rien: " My grand-father died twelve year ago, he was italian ". Mais je n'ai rien demandé, miss bouton unique, d'oussé qu'il venait ton vieux.

Italian mon cul, oui. Italian de cette partie de l'Italie qui faisait plutôt partie de l'Autriche avant le redécoupage d'après-guerre. Personne n'a protesté, sur le redécoupage. On a bien versé quelques larmes de crocodile, pour la galerie, mais ça a permis à plein de nazis de se sauver d'Europe. Avant la fin de la guerre, vous viviez avec une adresse en Autriche, elle-même allemande. Après le redécoupage, vous disiez venir d'une ville qui se trouvait maintenant italienne. Vos vieux papiers étant allemands, ça vous en prenait des nouveaux, des Italiens. On vous les faisait subito presto. Des vrais puisque votre ancienne adresse était maintenant dans l'Italie. Et hop, départ pour le monde entier. Un stratagème probablement manigancé par les Américains qui devaient avoir des dettes avec certains nazis. Et pour récupérer certains cerveaux allemands avant que les Russes ne mettent la main dessus. Comme ceux qui mettaient au point la bombe H dont ils avaient besoin pour assoir leur suprématie, démontrée à Hiroshima devant le monde entier. Des cerveaux comme Van Braun, l'inventeur de la fusée, qui avec ses V1 et ses V2 a pu bombarder Londres depuis l'Allemagne. Van Braun devint le patron de la NASA et permit aux Américains de se rendre sur la lune avant les Russes. Un génie, pourtant bêtement caricaturé en nono dans le film Appolo 13. Plusieurs partirent aussi pour l'Argentine, avec les poches bourrées de diamants volés aux juifs. Ça leur apprendra , aux juifs d'Amsterdam, de tout confier à des pierres inutiles. Ces nazis trouvèrent ainsi des coins perdus en Patagonie où pouvoir se cacher assez longtemps pour mourir.

On a même supporté une filière, au Québec, avec nos voyages de pèlerins qui partaient pour Rome, et revenait avec des nazis à bord. Des pèlerinages bénis par le Saint-Père Pie XII, celui là -même qu'on a canonisé dernièrement avec notre bon frère André. Canonisé par un pape lui-même autrichien et nazi, la boucle est bouclée. Pauvre frère André. Lui au moins on ne peut pas l’accuser de rien. Un simple d’esprit qui répondait des insanités à tous ce qu’on lui demandait. Et ça marchait!! L’effet placebo, qu’on dit. Tiens, sur le sujet de l'accident de l'Obiou, il y a du nouveau sur le web. Ils sont en train de redescendre les morceaux de l'avion, et vont faire un musée dans le village de la sellette. La thèse du prof Hammelin n'est que vaguement mentionnée sur leur site. Et très mal expliquée. Ça a l'air de les agacer. C'est vrai que ça ne ferait pas très bien, ces nazis bourrés de fric américain à bord. Je t’ ai déjà conté cet accident d'avion d'après-guerre ? Surement pas, vu que ce n’est que la deuxième fois qu’on s’écrit et que tu vas surement hésité de reprovoquer ça avec la réponse fleuve que je te sers. Avec mon ami l'éminent prof Hammelin, créateur de mots qui figurent maintenant au Larousse, comme le mot "nordicité". J'ai déjà dû conter aux autres. L'accident. Le village en bas, De La Sellette. Hamelin qui est là en 1950 dans un café et qui voit l'Obiou fumer. Le départ pour la montagne avec les beaufs. Les ascensions pendant trente ans pour comprendre pourquoi il y avait 45 mains gauches sur un total de 39 âmes à bord. Les dollars américains qui revolaient partout. Classifié ultra-secret à Ottawa encore aujourd'hui. Oui, j'ai dû déjà la conter cette histoire. Allez un peu voir, sur Google, c'est enfin là maintenant. Reste la thèse du prof Hamelin à y mettre. En attendant, on peut lire son livre " Le mystère de l'Obiou" qui est si écrit si platte.

Ce soir j'ai mangé comme un roi. L'accroc du bigoudi n'avait pas de choucroute, elle m'a fait des genres de minignocchis délicieux. Pour dessert, un flanc accompagné de leur caramel Dulce de Latte. Je me suis baigné dans le jacuzzi en regardant les étoiles. Le ciel étoilé. Le ciel avec lequel les grands aviateurs comme Memoz sont venus voler ici, dans les Andes, pour installer des antennes de l’aéropostale. C'est vraiment le pied qu'il n'y a pas un estie de moustique. Naturellement, je ne reconnaissais pas ce ciel. Je me suis demandé où était l'étoile du sud. Mais je n'irai pas demander à Miss Bigoudi. La pauvre, pognée ici comme une caricature pour le restant de ses jours. Pour son grand-père, cette vallée était la plus magnifique liberté. Pour sa descendance, une jolie prison.

Ce matin, elle m'a fait des oeufs brouillés avec un genre de bacon qu'elle fume elle-même à partir de viande de sanglier. Comme celui qui me regardait d'un air bête et méchant quand je me relevais de mon dessalage. C'est massif ces bêtes-là. J'ai essayé de lui faire peur, qu'il aille rigoler d'un autre imbécile, mais ça n'a pas eu beaucoup d'effet, à part de le faire éternuer agressivement deux ou trois fois en me regardant avec ses petits yeux noirs et vicieux. Il tenait vraiment à me voir peiner à retrouver mon souffle. Il a même pissé en me dévisageant, le cochon. Ça m'a fait plaisir de bouffer un peu d'un de ses congénères. Les oeufs étaient un peu baveux, comme il se doit. Avec des petits scones qu'elle avait cuits la veille, croûté sur le dessus et s'effilochant du dedans. Avec une confiture aux framboises des champs qui poussent partout autour. Elle est jolie sa prison, à Miss Freulen. J'ai arrêté d'essayer de la piéger. De toute façon, elle est déjà emprisonnée, la pauvre, alors qu'elle n'a rien fait. La prison pour expier les fautes de son aïeul. Et j'ai eu la certitude, quand j'ai vu le buck de bière sur la tablette. Le même qu'on retrouve à Munich, dans cette cave immense aménagée en restaurant beuverie dans le vieux quartier , près de la cathédrale. Là où Hitler tint son premier discours, debout sur une table, entouré des soulons qui fréquentent la place. J'y suis allé mille fois, dans le temps où je me tapais les expositions de sport à Muchën. Il y avait une petite alcôve, pratiquée dans le mur de pierre, avec un buck de bière derrière une vitre, comme dans un musée. On y chuchotait avec des yeux brillants que c'était le buck de bière sur lequel le Furher avait posé ses lèvres, ce fameux soir de son premier discours, qui commença sa carrière et fit basculer la vie de millions de personnes. J'ai bien cru reconnaitre ici le même. Avec cette scène de beuveries peinturée dans l'émail. J'ai pris une photo. Miss Bigoudi m'a vu faire. Elle m'a regardé avec des yeux tristes.

- " It was the freinsenher of my grandfather. He always drink his beer in it. Never another glass. Just this one. Now we keep it there."

Je lui ai fait le plus beaux des sourires, avec un petit clin d'oeil. Comme pour lui prouver que moi aussi j'en étais, et de garder espoir en l'avenir de l'humanité, du quatrième Reich et du sien, puisque même Elvis est encore vivant. Elle a rougi tout plein, et a viré de bord vers sa cuisine. Je suis parti vers ma cabana.

J'ai continué de lire, sur le perron de ma cabana, Les chaussures italiennes. Puis j’ai fermé mon livre et je me suis mis a repensé à avion qu’il te fallait. Un 150, oui, bon, peut-être, mais toute cette tôle qui l’empêche de décoller comme pour Jacquot 3012. Un J3, oui, mais cette toile pour faire glissoire pour les marmots, une construction amateur, oui, mais laquelle? Un Rotax au gaz de char, oui, mais pourquoi pas. Il y avait des fourmis à mes pieds. Des petites, qui cherchaient. Les fourmis passent leurs vies à chercher. Ça m'a rappelé que, petit, je les nourrissais à la crotte de nez. C'est incroyable comment les petites fourmis raffolent de la crotte de nez. Si tu leur en roules une grosse, trop grosse pour une seule fourmi, elles s'excitent tout plein, faisant le tour vingt fois, poussant inlassablement pour faire rouler la crotte vers leur nid. Le truc c'est d’en aplatir une grosse crotte sur le sol, pour que la fourmi peine à la rouler seule. Alors, elle appelle les autres. En moins d'une minute, les renforts arrivent. Elles se pitchent sur ta crotte de nez comme si c'était le trésor du siècle. Elles peinent dessus, mais arrivent toujours à la déplacer. J'ai même déjà vu une fourmi se mettre s’écraser juste à côté de la crotte: les autres firent basculer la crotte aplatie sur son dos. La fourmi porteuse se releva, le poids sur son dos. Elles sont parties ainsi, la fourmi du dessous assurant la progression, encadré par les autres qui l'aidaient à garder la crotte en équilibre sur son dos. Je me demande s'il y a un système de bonus pour récompenser la fourmi qui découvre un tel pactole. Jeune, j'ai donc appris ainsi que tout ce qu'on fait peut avoir une utilité pour un autre, même si c'est quelque chose qui est mal vu chez nos semblables. Ça m'a tenté de réessayer. Ça faisait trop longtemps que je n'avais pas nourri la fourmi à la crotte de nez. J'en ai roulé une grosse pour exciter les fourmis. Rien n'a changé, les fourmis patagoniennes ont réagi comme quand j'étais jeune. J'imagine que de tous les temps, de toutes les contrées, les fourmis qui à elles toutes ensembles font plus de poids que tous les mammifères mis ensemble, ont toujours raffolé des crottes de nez que leur offraient les bambins heureux de constater la joie qu'ils pouvaient procurer à plus petites que soi. Avant, je ne leur en offrais qu'une à la fois. Attendant qu'elles ne disparaissent avec avant de leur en rouler une nouvelle. Maintenant qu'il reste moins de temps, j'ai plutôt essayé de leur en mettre plusieurs. T’aurais dû voir la cavalerie débarquer ! Je les entendais presque crier de leurs phéromones tellement elles sont venues à plusieurs. J'ai mis mes lunettes, à cause de l'âge, et je les ai regardés de près. J'ai eu l'impression qu'il y en avait une qui me regardait. Un peu plus et j'allais m'imaginer qu'elle aurait la politesse de me remercier du chapeau. J’ai même trouvé un certain air de ressemblance avec Gaston. Un chat est arrivé en me regardant. Il trouvait bizarre de me voir accroupi ainsi à regarder le sol. Lui aussi , tiens, il a un air de Gaston. Ils s’étaient tous donné le mot pour prendre un air de Gaston, ce matin-là. Gêné, je me suis relevé pour lui montrer que j'étais d'un rang supérieur. Le chat à bouille de Gaston m’a regardé, pas très convaincu, et il a quitté lentement, me laissant seul. Sale bête, un jour, toi aussi, tu te feras bouffer par les fourmis comme une crotte de nez.

Je me demande bien ce qu'elle est en train de me cuisiner pour le lunch, Miss Nazi boudinée. Peut-être qu'elle aura le courage de me servir de la choucroute afin d’avouer les crimes de papi.

Bon, je m'égare là. Scusez. Je te parlais de ton choix d’avion. Et du livre, les Chaussures Italiennes. Avec des erreurs de traduction. Je dis toujours ça, de tous les livres traduits, alors ne t’ arrêtes pas pour ça. Mais si tu le lis, alors tu seras gentil de m'expliquer page 97 : «si j'avais eu du foin...» . Aussi de me dire que le mot stalactite, « elle avait un stalactite à la place du coeur», devait surement être "glaçon" dans le texte original. Que tu aurais mille fois préféré, comme moi, le terme québécois "marchette" plutôt que l'affreux "déambulateur" pour aider les vieux et les infirmes à se déplacer. Qu'on ne dit pas « J'ai traversé la glace...» pour dire qu'on a traversé à pied un estuaire glacé. «Traversé la glace», bordel, elle me donne des frissons cette conne de traductrice. On doit bien être rendu à dix motoneigistes décédés, cette année, à l'heure qu'il est. «Des châssis en toile métallique».... cibole, "moustiquaire" , ma grande, ça ferait pas ??! .

Va le lire, ami de mon ami, tu penseras à moi dans ma zézette gonflable. Les chaussures italiennes. De Mankell. Et moi je penserai encore à ta question, et à ma première pipe, si douloureuse pour mon pauvre dos, la prochaine fois que je me taperai une chandelle arrière, les quatre fers en l'air.

J’ai regardé le sommet des Andes, enneigé, les nuages hauts, le ciel , la rivière si belle, j’ai pensé à Mermoz, qui volait ici avec des coucous dont les moteurs n’avaient surement pas la fiabilité même des deux temps de ski-doo, et j’ai trouvé ça immensément grand, beau, noble. En baissant les yeux, pour rembarquer dans ma ridicule zézette gonflable, LA réponse à TA question m’est venue d’un coup.

La réponse, elle t’appartient. En fait, elle appartient au nord. Elle appartient à l’heure à laquelle tu es prêt à te lever. C’est ousse que tu vas voler qu’elle trouve ses racines.

Tu es à Kangiqsualujjuaq, à deux pas de la plus belle région du monde pour voler. Et tu y habites. Les torngatt et sa vallée de la Korok sont tellement beaux qu’on vient d’en faire un parc.

Tu vas te lever tôt. Très tôt. Parce que les vents se lèvent fort de par chez vous. Pas question d’aller voler là-bas vers midi alors que ça souffle avec des grands rabattants dans les fjords. Tu vas arriver à ton avion alors que le soleil ne se fera que deviner de sa lueur. Il aura le nez collé sur le bâtiment. Branché dans la prise du coin. L’huile du moteur déjà chaud. Tu vas enlever couverte de moteur et d’ailes. Tu te t’auras laissé prêter une clef pour l’aéroport, question de laisser un avis de vol sur le bureau du gros Mike, et de faire un petit pipi. La veille t’auras aussi laissé un avis de vol à Jean-Guy, puisque c’est le seul pour aller te chercher par la peau du coup n’importe ou ousse que tu es dans ce coin-là. Tu vas tirer ton avion sur le pad en béton. Reviser ta check liste spéciale pour ce coin -là: le Spot est là, les batteries de rechange, le téléphone satellite, le sac de couchage moins mille, les bottes moins-soixante avec la petite valve sur le coté pour la dépressurisation, le petit poêle MSR, le modèle qui roule à l’essence de char, le gun, les munitions. Tu continueras ta liste jusqu’au bout. Tu vas faire tourner ton moteur assis dans ton avion en passant en revue les autres check listes. Une fois prêt, tu vas rééteindre. Pas question de taxier avec cette maudite garnote de piste qui semble plus prête à revoler dans l’hélice à Kangiqsualujjuaq que n’importe ou au monde. Tu vas pousser ton avion cent pieds plus loin, direct sur la piste. Tu pourras même l’avoir trainé par la queue avec ton skidoo. D’ailleurs, quand tu reviendras atterrir, tu n’essaieras pas d’atterrir si court pour faire le taxi way et de te taper le nez sur le gros monticule de garnotte du début de piste. Non, tu vas atterrir un peu long, toucher passé le taxi way, et tu feras la même chose: éteindre ton moteur, et aller chercher ton ski-doo pour te tirer hors de la piste. Si il y a quelque chose dont je suis certain à Kangiqsualujjuaq, c’est qu’on ne peut y taxier cent fois sans que ça coute une hélice. Tu vas décoller, donc, et virer à gauche vers la grosse montagne. Tu vas rester ainsi en vent arrière gauche jusqu’au dessus de la baie, tu vas tourner vers le nord, au dessus de la baie, pour que Jean-Guy se réveille au son et sache que tu es parti. Il n'y a pas meilleur que lui pour aller te sauver si jamais. Et là tu vas t’accrocher un immense sourire au visage. Direct vers le mont Iberville, en survolant avant la Barnoin et la Korok. Arrivé au mont Iberville, le plus haut mont de l’est du canada, tu vas partir la musique dans tes boses A20. Voler vers Kilinik, au dessus de ces sommets incroyablement magnifique. Ton aile de droite au dessus du Labrador, et celle de Gauche au dessus du Québec. Le bout de la terre viendra assez vite. Tu perdras de l’altitude, et retour à basse altitude au dessus de la mer avec les grands fjords à ta gauche. Tu te permettras même un posé au troisième lac à Abloviak. Éteindre ton moteur, sortir la carabine, car dans ce coin-là, vaut toujours mieux commencer par sortir la carabine, et regarder autour de toi ces grosses montagnes magnifiques. Tu sortiras ta petite caméra et tu essaieras de faire une photo pour tes amis des ailes. Tu repartiras ton moteur d’un coup de bras, et retour au village juste à temps pour aller bosser. Tu seras millionnaire de joie.

Des variantes ? Parce que tu auras un J3, ou un équivalent en terme de vitesse d’approche, quand arrivera l’été, ça sera une petite escapade le long de la George, vers Pyramide Camp. Ou encore un atterrissage dans le détour de la rivière, sur le bord de la Georges, là ou j’ai laissé un immense poêle en fonte stupide qui doit peser cinq cents livres avec une porte en fonte décorée d’un gros hibou. La cabane s’est écrasée, mais tu l’auras retapée peut-être, question de te faire un aéroport de dégagement.

Tu ne veux pas de flottes. Par chez vous, il y a mille endroits pour atterrir si tu as un avion lent. Des grands eskers sur le dessus de chaque butte. La piste de ton village a un bout dans la mer, l’autre dans ton village: ça prend une minute pour qu’elle se bouche. Il faut que tu puisses atterrir tout partout question d’attendre la météo. Pas question de détourner vers Kuujuak ou vers Schefferville à chaque fois que la piste se bouche. Il faut que tu sois équipé d’avion pour attendre trente minutes que ça se dégage. Il faut que ton avion puisse aller atterrir sur la piste des chutes Hélène, à 15 minutes de là. Sur les dessus des montagnes derrière le village. Sur la piste de la Barnoin, l’été. Et comme tu côtoies le responsable du parc tous les jours, avoir en poche une autorisation ou deux pour aller atterrir sur les bancs de sable de la Korok.

Le retour sur le sud pour l’annuel ? Il se fera plus vite si tu as un avion qui peut se poser un peu partout sur les pistes de la George que si tu as un avion dont tu dois attendre une météo parfaite parce que tu ne peux te poser que sur le dur. Encore là, le retour vers le sud ne dépend que de l’heure à laquelle tu es prêt à te lever. Pas de la vitesse de croisière de ton avion. L’autonomie ? Bof, n’oublie pas qu’on a maintenant des poches à gaz. Mais c’est vrai que ça, c’est toujours un crime de problème. Les autres vont surement pouvoir répondre un peu maintenant qu’ils savent kessé tu veux faire avec ton avion.

Et la toile ? Ben oui, la toile, ben oui les enfants autour, ben oui ce n’est pas une glissoire, mais c’est le risque, ça, là-bas comme au sud, les enfants. On ne sait jamais comment ils vont virer, faut juste les aimer et espérer.

C’est comme ma zézette gonflable, ton avion, un outil pour triper et voir les plus beaux paysages du monde. Quand on crève la toile, on met une patch dont on sera fier, car elle nous rappellera les plus beaux souvenirs du monde.

Ou si tu as choisi la tôle, alors tu auras choisi celle qui te permet des grosses roues. Parce que de nos jours, un J3, ça coute la peau des fesses. Un 150 revient moins cher. Et ça se met sur skis. Les enfants ? Oui, c’est vrai, mais peut-être que tu pourras atterrir derrière les maisons des réfugiés politiques de Kilinik. Entre le village et la piste. Et taxier jusqu’à chez vous. Ben non, nono, chu pas vraiment sérieux, c’était juste pour pouvoir place «réfugiés politiques de Kilinik», ceux là même que j’ai vu habiter dans des tentes, loin du village, pendant des années ou ils étaient encore moins bienvenus que maintenant. Remarque que la première fois que j’ai pris l’avion, dans ton village, c’était en plein milieu, sur la rue principale, que le DC3 atterrissait. Quasiment devant le présent Northern. Un skidoo à chaque bout, pour servir de balise. Pour l’IFR, l’approche se faisait sans aide électronique: le pilote balayait la côte avec son radar, voyait sur l’écran du radar la silhouette du terrain, se repérait avec sa carte, et descendait au travers des nuages au dessus de la grande baie. Il devait remonter un peu ensuite, une fois arrivé au village. Il checkait même les marées, puisqu’elles sont si hautes de par chez vous, question de rajouter ou d’enlever un trente pieds à son minimum. Il m’avait expliqué tout ça alors que je n’y connaissais que dalle.

Tu sais que ce n’est pas n’importe quoi, ton village. C’est un des premiers vrais villages qui ne proviennent pas d’une ancienne base militaire. Un poste de traite, c’est certain, mais avant tout une première cabane érigée en vue de faire un village. C’est dans le gros livre sur les COOPS. Il devrait bien en trainer un exemplaire quelque part. Passionnant, avec tous des noms que tu reconnaitras: Edmudluk, Ananak, etc... Tous ces gens dont les enfants t’entourent, et leurs petits enfants aussi. Prends juste Magie. Fille de ce géant Willy Edmudluk. La belle Magie si chic et si élégante. C’est fabuleux de penser qu’elle est née dans un igloo et porte maintenant si bien les robes de designer en pitonnant sur l'internet. Tu as connu Willy ? Le grand-père de Claude et de Felix ? Je suis allé le saluer, il n’y a pas si longtemps, à l’hosto de Kuujuak. Avec son grand sourire si bon et si généreux. Dans la chambre d’à côté, son ancien compagnon de mauvais coup, Bob May. J’ai poussé un des deux dans la chambre de l’autre, question qu’ils se disent adieu une dernière fois, après avoir fait la paix. On ne peut pas mourir ainsi en ne se souvenant plus pourquoi on est en rogne avec son ancien ami. Bob May était agent de la Hudson Compagny. Il allait dans cette petite cabane ramasser les peaux, les échanger pour des balles de fusil, du suif, et les mettre sur le bateau annuel de la compagnie. Willy s’occupait du côté esquimau, Bob du côté de la compagnie. Une année, les cours de la fourrure étaient trop bas à Londres. La compagnie à envoyer un télégramme à Bob de ne pas remettre de balles de fusil et de suif aux Esquimaux, car les cours étaient trop bas.

- They will die !!

Les esquimaux n’avaient pas fait de provisions , occuper à trapper la fourrure pour la compagnie, se fiant à leur échange annuel.

Le télégramme est arrivé de Londres:

- This is an order: no exchange this year

Le Bob n’a rien dit: il a quitté la compagnie. Il a remis la clef de la cabane à Willy et l’a nommé officiellement le premier et seul employé esquimau de la Hudson Bay Compagny. Le jeune Bob ne voulait pas être responsable de la mort par disette d’une douzaine de ses amis qu’il commençait à aimer profondément.

- Take whatever you want so all of you won’t die this winter.

Le village de Kangiqsualujjuaq venait d’être officiellement fondé à partir du poste de traite.

Ne manque pas le passage dans le livre sur le fait que les blancs callaient dans la neige jusqu’à la taille alors que les Esquimaux restaient à la surface. Une question de marcher un peu accroupi pour «porter» sur tout l’avant-jambe.

Si tu avais le double de budget, je te convaincrais de mon Helio 250 aux gros pneus. Toute une machine pour 75 M. Cinq personnes à bord. Ou deux ou trois avec du bagage pour traverser le monde. Elle se poserait n’importe ou dans chaque piste de caribous. Roulant au gaz de char. Mais en en brulant un peu trop pour rien, quand on est seul dans un avion.

Je n’ai pas la réponse, GrandNord masqué. N’importe quelle zézètte gonflable ou pas devrait faire l’affaire. Assure-toi juste de mettre tes priorités dans le bon ordre. Et en haut de la liste, la première priorité, celle d’avoir un avion qui te permettra de ne pas mourir en volant dans ton coin.

Désolé pour n’avoir pas pu être plus éclairant, tout en étant si long et pénible. En plus, j’en ai encore plein à conter, pauvre toi, et je le ferai, question de t’emmerder.

N’importe quelle zézette, Grandnord, pi tu vas triper fort. L'aventure n'est pas dans la machine, mais dans le vol. Arrange-toi juste pour ne pas te tuer.

Louis


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Dernière édition par Louis_greniier le Mar 15 Fév, 2011 00:45, édité 1 fois.
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Messagepar Louis_greniier » Mar 15 Fév, 2011 00:41

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Messagepar Theo007 » Mar 15 Fév, 2011 08:32

Wow

Quel photo incroyable...

Dans mon petit monde a moi le nord c'est St-Donat

Pis le grand nord c'est Amos...

Il est grand temps que je change de cap (lache les amish) pis que je découvre le vrai grand nord

Merci Louis

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Messagepar Louis_greniier » Mar 15 Fév, 2011 09:00

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Messagepar abud » Mar 15 Fév, 2011 09:55

Merci Louis pour ce récit =:)

j`ai déja hâte de faire du camping avec mon avion dans les limites que je peux me permettre.

Moi si j`avais l`ocasion de dessiner et bâtir un avion, il y aurait TROIS ROTAX 912 100HP, 300hp total 12 GPM, ailes hautes, roue arrière, deux sièges, un grand espace de cargo et bien d`autres détails :idea:

Martin :D
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Messagepar ttq » Mar 15 Fév, 2011 10:00

Louis
t'es en feu.....full sérieux

c'est-tu la grande nature Patagonienne qui te regénère a ce point et te font exploser des récits si foudroyants, sont-ce les soirées de grandes tranquilité qui se font bousculer les sentiments si profonds, si humain
une telle richesse du vécu, une si belle plume, perdu au confin d'un continent inconnu, mal connu, heureusement peut-être, car au nauturel, c'est bien meilleurs, ça permet a l'homme de se ressourcer, de passer par travers des vicissitudes de la vie, de plonger dans le plus profond de ton être, et en ressortir avec une verve éblouissante un récit hallucinant entremêlé d'émotions, de souvenirs, de conflits, de peine, de rêve, que seul la fatigue du crayon peut enrayer....non, je l'avoue, je n'ai pas tout compris, je n'ai pas réussi a savourer toutes les phrases, ni a assimiller toutes les images, non je n'ai pu terminer, un voile de liquide alcalin m'en empêcha, mon cerveau n'arrivait plus a classer, a rationaliser l'histoire, il valait mieux arrêter, et coucher là, les effluves obscures qui émanent de mon corps....avant qu'elle ne s'évanouissent dans le matin froid...oui Louis, franchement, Henning Mankel, que j'adore, peut se rhabiller, je te propose pour le Prix du Gouverneur Général....non c'est pas assez, le Prix de l'académie française, un tel récit, une telle bousculade d'évènements, tant de contradiction des sentiments, autant de mélange des genres, de si nombreux personnages qu'il faudrait Twitter pour l'organisation....sauront-ils l'apprécier, le goûter, simplement, comme un bon ragoût, sans chercher a tout isoler, sans chercher a tout comprendre, sans savoir identifier les différentes épices dont la vie du voyageur-découvreur-épicurien est faites....je me le demande....

un jour, bientôt, peut-être, j'espère, je pourrai reprendre la lecture de ce texte, de cet oeuvre, cet ode, dont Victor Hugo eut été fier d'avoir écrit....
et qui parle si bien de la recherche de l'homme, de sa quête inachevée, qui le hante...et qui nourrit ses rêves....

Louis, merci

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Messagepar chaps90 » Mar 15 Fév, 2011 10:30

Tout à fait intéressant !
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Re: Une histoire pour GrandNord et son choix d'avion

Messagepar FlyROM » Mar 15 Fév, 2011 11:32

Louis_greniier a écrit:...

Désolé pour n’avoir pas pu être plus éclairant, tout en étant si long et pénible. En plus, j’en ai encore plein à conter, pauvre toi, et je le ferai, question de t’emmerder.

N’importe quelle zézette, METTRE ICI VOTRE NOM, pi tu vas triper fort. L'aventure n'est pas dans la machine, mais dans le vol. Arrange-toi juste pour ne pas te tuer.

Louis


.


Oh comme ce sont des écrit inspirants.... C'est bon pour tous et chacun d'entre nous!

Merci..grand maître

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Messagepar pmgrandnord » Mar 15 Fév, 2011 12:19

Bonté divine Louis...
ma femme m'attendait au lit avec son tout nouveau déshabillé reçu pour la St-Valentin lorsque je me suis mis à te lire......................................................................................................................................... elle s'est endormie avant que j'aie fini. Je ne sais pourquoi, elle avait un peu la gueule ce matin ????

Je dois aller j'ai des élèves qui arrive au gym (je suis gym teacher ).... mais rappelle moi de ne jamais aller prendre une bière avec toi et Jean-Guy.... je ne vais jamais pouvoir placer un seul mot ;-)

Je te reviens

merci

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Messagepar MichelC » Mar 15 Fév, 2011 12:25

Du bonbon, tout simplement du bonbon...

Merci Louis ! :wink:

MichelC, encore groundé, qui rêve de voler
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Messagepar sergio » Mar 15 Fév, 2011 13:03

Ouf que ouf, quelle plume!!! comme si j'y était.

L'aventure n'est pas dans la machine, mais dans le vol. Arrange-toi juste pour ne pas te tuer.

Comme conclusion, y pas plus vrai,c'est ça la clé du bonheur de voler.

Merci pour ce merveilleux moment de lecture.

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Messagepar djipibi » Mar 15 Fév, 2011 19:34

Grand dieux du ciel!
Louiis merci. Enfin je sais que la Suède est en quelque part dans les Zandes. T'es un véritable Wikipédia ambulant.

Le Kama Sutra des descriptions sablonneuses. Heureusement il y avait des bouts moins salés (genre dessalés).

Un poète enneigé (Ah! Comme la neige enneigée! [sic])

Le météorologue du permafrost!

Aventurier du tour du Monde, passant par la Californie et le Califourchon!
Comme Félix et ses souliers zitaliens tu as beaucoup voyagé.

Tu es le St-Exupéry des Ailes québécoises! (Qui? Mermoz? Ben, c'est son frère. Ça devra faire pareil.)

Surtout, sur-tout!!! Tu es MON héros.
Tu veux savoir pourquoi?

Pour être capable d'écrire Kangiqsualujjuaq,
Je gage même que tu es capable de le dire sans t'enfarger.

Vrrrraiment! Tu m'impressionne!


q:)p
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Messagepar pmgrandnord » Mar 15 Fév, 2011 21:05

Re-salut Louis !
Moi qui me sentais mal de t'avoir envoyé un "long" PM.... ben dit donc j'aurais pu élaborer un peu plus :wink:

Ça fait vraiment drôle de t'entendre décrire les lieux et les gens avec qui j'habite depuis maintenant 7 ans. C'est à croire que tu y as vécu des annéesssss. En te lisant, je m'imagine bien que tu sois bon ami à Jean-Guy. Vous avez la plume originale et productive.

Tu as des photos qui me font saliver.... je vois que tu connais également Jean Leduc et Maggie (photo) Jean c'est un vrai gentlemen. J'ai beaucoup de respect pour lui.

Petit update, Mike ne travail plus à la tour. C'est maintenat Jean C. et Jimmy A. un autre inuk.

Pour en revenir aux avions, tu parles des "pistes" autour. Helen fall's, piste sur la Barnouin (Alain L.), sur le bord de la George, etc.... Est-ce que je pourrais atterir sur ces pistes avec un 150 roue de nez ? Ou bien le "style" J-3 est le seul ticket d'entré ?

Pour ce qui est de la "meilleure" piste de gravier au monde est-ce qu'il y a une nette différence entre un avion roue de nez et roue de queue ???? Est-ce que ça me coute un hélice anyway chaque année ?

Pis l'avion de toile, la glissoire pour enfant, est-ce qu'elle tient le coup avec nos petits vents mensuel de 100km/h ? Ou bien métal ou toile va pas changer grand chose ?

Tu parles de mettre des GROSSES roues sur l'avion de métal. J'en rêves tu sais. Mais le porte feuilles ne pourra pas suivre avec le moteur que ça prendra pour driver ça :-(

Le 150 roue de nez, le metterais-tu sur skis ici au nord ?

Je sais que je m'organise pour que tu me repondre un roman.... :oops: Mais tu peux faire ça plus court tu sais, entre deux fourmis à nourir :D

Anyway, c'est ben l'fun de te lire et saches que tu n'as plus le droit de venir à Kangiqsualujjuaq sans arrêter au 65b prendre un verre. Tu es le bienvenue.

Merci d'avance Louis

Je voulais mettre en annex des photos du villages.... mais je ne sais pas comment :?: :?: :?:
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Messagepar Louis_greniier » Mar 15 Fév, 2011 22:19

pmgrandnord a écrit:Pour ce qui est de la "meilleure" piste de gravier au monde est-ce qu'il y a une nette différence entre un avion roue de nez et roue de queue ????



Pas tant que ça. Elle vole tellement votre gravel qu'elle bouffera aussi un tailwheel. C'est vraiment, comme je te l'expliquais dans des mots perdus dans d'autres, une question de gestion. C'est-à-dire ne pas taxier vent de dos, mais plutôt pousser l'avion à la main. Fait-toi un système de towbar pour le ramener avec un quatre-roues. C'est impossible de passer une année là sans y laisser une hélice ou deux si tu taxis au moteur.

Une radio à la main au cas ousse qu'un autre atterrirait pendant que tu es sur le 4 roues en dehors des heures d'Unicom.

C'est comme ça qu'ils font aussi à la mine des Otish avec le Caravan.

C'est surtout tourner l'avion qui pose problème. Moi, chez vous, je ferme mon moteur, je revire l'avion à la main, et je taxi les deux yeux ben fermés. J'imagine que ça ne donne pas grand-chose de se fermer les yeux en prenant un air de douleur, mais c'est comme ça que je fais.

Pour les autres affaires, je vais te répondre une à une, parce que sinon, tsé moi, si je m'enfarge dans mon clavier, vous aurez droit à tout un roman.

Mais pour la gravel, nose wheel ou pas, tu la boufferas si tu ne te fais pas un système

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Messagepar Louis_greniier » Mar 15 Fév, 2011 22:25

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Messagepar Louis_greniier » Mar 15 Fév, 2011 22:31

pmgrandnord a écrit:Le 150 roue de nez, le metterais-tu sur skis ici au nord ?


Oui. La neige est dure et peu profonde. Les skidoo jamais loin pour taper une piste. J'en ai vu un opérer pendant des années à Saint-Jovite et le pilote savait l'opérer pour que ça ne soit pas dangereux

Mais c'était un straight ski. Les straight ski marchent toujours meiux que des amphibies. Je ne sais pas pour des hydrauliques question poids et motorisation sur un 150.

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Messagepar Louis_greniier » Mar 15 Fév, 2011 22:46

pmgrandnord a écrit: Est-ce que je pourrais atterir sur ces pistes avec un 150 roue de nez ? Ou bien le "style" J-3 est le seul ticket d'entré ?


Oui, on y a vu des Cherooke, alors pourquoi pas un 150. Avec un vent de 20 knoeuds, une piste de 600 pieds s'allonge du double. Mais je ne suis pas expert en roue de nez, faut demander aux autres.

C'est le sable dont j'aurais un peu peur , comme aux chutes Hélène.

pmgrandnord a écrit: Ou bien le "style" J-3 est le seul ticket d'entré ?



C'est certain que si tu causes J3, moi qui n'en a jamais piloté, je vais quand même te dire oui tout de suite. J'ai un copain qui se promène avec ça, il rentre n'importe oû. Et depuis que j'ai vu ce que celui de Constipus fait sur les ailes, heu, oui, c’est la machine idéale là-bas. C'est la machine sur laquelle Johny et Billy ont appris, faisant la navette entre Kuujuak et Pyramide Camp pour la pourvoirie.

Mais je n'en ai jamais piloté, c'est-à-dire que je n'ai jamais eu à gérer le si peu d'autonomie. Ni une vitesse de croisière qui doit passer à presque rien quand le vent du nord souffle à 40 noeuds.

Mais en J3, la toundra entière devient une piste d'atterrissage. Mais maudine que c'est cher un avion de toile.

Mais, dans ce domaine, méfie des types comme moi qui te donnent des conseils sur des avions qu’ils n’ont jamais essayés.

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Messagepar pmgrandnord » Mer 16 Fév, 2011 00:11

Louis_greniier a écrit:Tiens, des photos pour toi:



Wow ! je reconnais de mes élèves qui étaient pas mal plus jeunes. merci pour les photos. Ça apporte du concret à l'imaginaire et ça fait rêver d'avantage.

merci pour tes précisions, très pertinent

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Messagepar Louis_greniier » Mer 16 Fév, 2011 08:03

pmgrandnord a écrit:je vois que tu connais également Jean Leduc et Maggie (photo) Jean c'est un vrai gentlemen. J'ai beaucoup de respect pour lui.


Connais-tu sa fille de son premier mariage ? Une grande blonde aux cheveux à la taille, style Suédoise. Élevée chez vous. Parle Inuktitut couramment évidemment. Bon, chez vous, au village, ça allait de voir cette grande blonde parlée en inuktitut, cette langue parlée, ou comprise, "circumpolaire" avec différents accents par tous les inuits Canadiens, Américains, Groenlandais, Soviétiques, Finlandais. Mais après son cours de policier, elle avait été affectée au sud, à Montréal. Quand il y avait du grabuge avec des Inuit, on l'envoyait sur le cas. L'effet était saisissant de voir cette grande blonde policière débarquer de son auto-patrouille au coin d'Ontario et Saint-Laurent , dire quelques mots doux dans cette langue gutturale au pauvre type énervé, qui se calmait d'emblée d'un coup. Elle s'approchait ensuite en lui parlant, le prenait par les épaules, s’assoyait avec lui sur le bord de la chaîne de trottoir puisque c’est assis à terre qu’ils préfèrent bouffer ou faire la paix, et lui contait, dans sa langue à lui, la langue de ses ancêtres, qu'il ne fallait pas s'énerver ainsi, que la vie allait s'améliorer, qu'il fallait qu'il cesse de s'énerver et de prendre ces foutues drogues qui lui brulaient le cerveau, qu’elle avait entendu dire que les caribous étaient nombreux cette année près du village, que les ombles de l'arctique étaient gros comme ça depuis la montaison, et que s’il se calmait, il allait entendre, au loin, au très très loin, le chant d'une baleine muktuk lui parler de son pays et de ses ancêtres.

Le type se calmait à tout coup. Pas mal plus beau à voir que d'être obligé de le rouer de coups ou de l'asperger de poivre de cayenne.

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Messagepar pmgrandnord » Mer 16 Fév, 2011 10:47

Oui je la connais. Layo qu'elle s'appelle. Je l'ai rencontré lorsque Jean a pris sa retraite en 2009. J'imagine de la voir aborder les suspects en inuktittut ;-) Ils se sentent ben loin de leur monde quand ils sont à Montréal. Le fait d'en tendre leur langue de la part d'un policier doit avoir son effet assuré.

Ça fait toujours ben drôle aux gens de voir des blancs parler couramment l'inuktittuk. Mes 2 garçons le parle très bien et quand ils rencontrent d'autres inuits qui ne les connaissent pas.... ils sont toujours bien surpris de les entendre. Ça ne leur sera jamais aussi utile que si c'était l'espagnole mais we never know.... y travaillerons peut-être pour Makivik ou bien le nouveau gouvernement du Nunavik ????

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